Fondée en 1991, l’Association québécoise des avocats et avocates en droit de l’immigration (AQAADI) est la plus importante organisation juridique en immigration au Québec. Nous regroupons plus de 500 juristes travaillant sur l’ensemble du territoire dans les domaines du droit de l’immigration. À ce titre, nous ne pouvons qu’être profondément interpellés par les choix récents du gouvernement, qui fragilisent l’intégrité du système, l’état de droit et la confiance de celles et ceux qui vivent déjà au Québec.
Le Programme de l’expérience québécoise (PEQ) a longtemps été l’un des mécanismes les plus cohérents et efficaces de la politique d’immigration québécoise. Il permettait à des personnes déjà installées sur le territoire — diplômés, travailleurs, francisés et intégrés dans nos milieux économiques, sociaux et culturels — d’obtenir la résidence permanente au terme d’un parcours clair, stable et prévisible. Sa force reposait sur un principe simple : reconnaître que celles et ceux qui ont étudié ou travaillé au Québec, en français, et qui y contribuent déjà, sont les mieux placés pour s’y établir durablement.
Or, après des mois de suspension temporaire, le gouvernement a choisi de l’abolir soudainement et de façon permanente, malgré une demande claire, constante et convergente de l’ensemble des acteurs concernés — établissements d’enseignement, employeurs, syndicats, chambres de commerce, organismes, praticiens du droit.
Une option brutale
Cette décision est d’autant plus incompréhensible que l’Accord Canada-Québec permettait de tout simplement instaurer un quota annuel, plutôt que de supprimer le programme. Au lieu d’utiliser l’outil juridique à sa disposition, le gouvernement a choisi l’option la plus brutale, la moins rationnelle et la plus déstabilisante pour le Québec. Le Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ) est le programme sur lequel se rabattre. Malheureusement, il possède un régime hypersélectif et imprévisible, combiné à un taux d’invitations d’à peine 1,5 % et pratiquement inexistant pour les gens installés à Montréal. Cela produit un système qui exclut massivement des personnes pourtant déjà établies ici, francisées, employées et pleinement intégrées avec leurs enfants dans nos écoles.
Un tel virage accroît l’incertitude, détourne les talents vers d’autres provinces et compromet la capacité du Québec à retenir celles et ceux qui contribuent déjà à sa société. Pendant ce temps, les autres provinces et le gouvernement fédéral accueillent largement ces mêmes travailleurs formés et francisés au Québec, qui y obtiennent la résidence permanente avec une facilité déconcertante. Comment justifier qu’il soit aujourd’hui plus facile pour un francophone établi au Québec d’obtenir la résidence permanente… en quittant le Québec ?
Les plus
populaires
Marwah Rizqy a «aggravé» les choses avec son message, croit Geneviève Hinse
1
Taxer les héritages pour financer l’accès au logement
2
La vente de «gratteux» chez Costco inquiète des experts
3
Les nuages s’amoncellent au-dessus de l’économie américaine
4
Avec le projet de loi Duranceau, le Québec serait «dépourvu» advenant une nouvelle pandémie
5
Ce renversement rompt ce qui constituait un contrat moral. Des milliers de personnes ont orienté leur vie — choix d’études, d’emploi, de région, de logement, de projets familiaux — sur la base de règles qui étaient en vigueur au Québec. Briser ces règles après coup a des conséquences humaines réelles et profondes, et une société responsable ne traite pas ainsi celles et ceux qu’elle a elle-même invités.
Face à cette rupture, la mesure minimale d’équité, de cohérence et de responsabilité publique serait d’adopter une clause de droit acquis pour toutes les personnes détenant un statut valide — permis d’études, permis de travail ou statut conservé — au 31 octobre 2025.
Ce réflexe politique se retrouve aussi dans la suspension des certificats de sélection du Québec (CSQ) pour les conjoints en réunification familiale : des délais trois ou quatre fois plus longs qu’ailleurs au Canada, des couples séparés, des familles qui quittent le Québec pour pouvoir vivre ensemble et des femmes dont les projets parentaux sont mis sur pause ou reportés.
Une succession de réformes
Plus largement, le ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) a connu une succession de ministres et une série ininterrompue de réformes majeures au cours des dernières années : refonte du PEQ pour les diplômés, modification du PEQ pour les travailleurs, abolition temporaire du PEQ, remplacement de Mon projet Québec par Arrima, création du PRTQ et son remplacement par le PSTQ, révision des grilles de pointage, moratoire et suspension à Montréal et à Laval, changements des critères linguistiques et désormais abolition permanente du PEQ.
Ces transformations successives ont créé un environnement instable où il est devenu impossible pour les personnes, les familles, les établissements d’enseignement, les employeurs et même les professionnels du droit de planifier à long terme. Une politique publique ne peut prétendre à la crédibilité lorsqu’elle change au rythme où elle bouleverse des vies.
L’AQAADI estime que le Québec ne peut s’engager dans une voie où l’immigration devient précaire, instrumentalisée et traitée comme une ressource interchangeable. Une politique responsable exige de la prévisibilité, de la stabilité et du respect, et doit être conçue en fonction des réalités humaines, économiques, sociales et juridiques du Québec. Nous demandons ainsi la réintégration du PEQ avec une clause de droit acquis au 31 octobre 2025 pour les gens qui avaient déjà un statut valide au Québec ou, à tout le moins, l’intégration d’un véritable volet de l’expérience québécoise au sein du PSTQ, comme c’est le cas dans le système fédéral.
Les personnes qui vivent ici ne sont pas des variables d’ajustement.
La confiance envers les institutions est un fondement démocratique.
Le Québec ne peut pas se permettre de gouverner par l’arbitraire.
Ce texte fait partie de notre section Opinion, qui favorise une pluralité des voix et des idées en accueillant autant les analyses et commentaires de ses lecteurs que ceux de penseurs et experts d’ici et d’ailleurs. Envie d’y prendre part? Soumettez votre texte à l’adresse opinion@ledevoir.com. Juste envie d’en lire plus? Abonnez-vous à notre Courrier des idées.
19 commentaires
Connectez-vous ou créez un compte pour commenter.Trier
Cyril Dionne – Abonné26 novembre 2025 00 h 25
Le contrat moral… version imaginaire
Et c’est quoi, exactement, cette histoire de « contrat moral » que certains invoquent dès qu’une politique change? L’immigration n’est pas un droit, c’est un privilège accordé par l’État selon ses besoins économiques, sociaux et linguistiques. Vouloir figer un programme comme le PEQ ou exiger une clause de droits acquis revient à transformer un outil flexible en règle permanente, ce qui va à l’encontre de la réalité d’un Québec qui doit pouvoir ajuster sa politique selon l’évolution de sa population et du marché du travail. Les lamentations sans fin de certains acteurs, notamment l’AQAADI, donnent l’impression qu’ils défendent surtout leurs propres intérêts, car ce sont eux qui profitent financièrement de la complexité des programmes et de l’incertitude qu’ils génèrent.
Si le PSTQ est aujourd’hui hypersélectif, imprévisible et presque inaccessible pour les personnes déjà établies au Québec, c’est voulu et nécessaire. Avec plus de 600 000 travailleurs temporaires sur le territoire, il est impératif de reprendre le contrôle et de limiter l’immigration à ceux qui répondent vraiment aux besoins de la province. L’idée selon laquelle ces travailleurs qualifiés se tourneraient massivement vers d’autres provinces est largement exagérée. Partout au Canada, y compris parmi les immigrants, on entend dire qu’il y a déjà trop d’immigration. Le Québec n’est pas seul dans cette situation, et il est peu probable que le reste du pays ouvre ses portes à tous ceux que le Québec n’intègre pas.
En fin de compte, parler de « contrat moral » ou de vies brisées par des changements de règles relève d’une vision très personnelle et très restrictive. La population québécoise et l’État doivent pouvoir prioriser l’intérêt collectif, la cohérence et la prévisibilité de leur politique, plutôt que de céder à des exigences qui visent surtout à préserver un statu quo avantageux pour quelques-uns. L’immigration reste, et doit rester, un privilège modulable, jamais un droit absolu.
Louise Nepveu – Abonnée26 novembre 2025 08 h 20
Votre commentaire est particulièrement odieux et dénué non seulement de compassion mais de tout sens moral. On parle ici de la vie de personnes et de familles bien installées, travaillant, payant leurs impôts, intégrées dans notre société. Allez expliquer à leurs enfants les bouleversements qui les attendent!
Quant à votre jugement lapidaire sur la vénalité des avocats qui défendent les droits humains de ces personnes, il ne vous grandit pas, c’est le moins que l’on puisse dire!
Laurence Trempe – Abonnée26 novembre 2025 08 h 33
Votre commentaire appelle certaines mises au point factuelles et juridiques. À titre d’officiers de justice, notre rôle n’est pas de défendre un quelconque « statu quo », mais de rappeler les faits, le droit et les conséquences humaines concrètes des politiques publiques. Il est d’abord complètement faux d’affirmer que 600 000 travailleurs temporaires auraient été rendus admissibles à la résidence permanente par le PEQ. Dans ce chiffre global se trouvent plusieurs centaines de milliers de personnes déjà en attente de résidence permanente dans d’autres catégories, notamment à titre de réfugiés ou au sein des programmes économiques. Une autre portion importante est composée de véritables résidents temporaires — étudiants ou travailleurs — dont le séjour n’a jamais eu vocation à mener à l’immigration permanente. À cela s’ajoute l’exigence centrale de francisation, qui excluait d’emblée un nombre considérable de personnes. Présenter ce chiffre comme une masse indistincte de candidats à la résidence permanente relève d’une simplification trompeuse.
Le « contrat moral » dont il est question n’a rien d’imaginaire. Il ne s’agit pas d’un droit acquis à l’immigration, mais du minimum de prévisibilité que l’on est en droit d’attendre d’un État. Le PEQ n’a jamais été figé : il a connu de multiples réformes au fil des ans et des mécanismes de contingentement auraient tout à fait pu être instaurés. Le véritable problème est l’accumulation de changements rapides, parfois rétroactifs, souvent contradictoires, qui ont créé un système instable, anxiogène et humainement destructeur. Ce sont précisément ces imprévisibilités qui brisent des parcours de vie, séparent des familles, fragilisent des entreprises et plongent des milliers de personnes dans l’incertitude.
Prétendre que les avocats profiteraient de cette complexité est une accusation qui ne résiste pas à la réalité du terrain. Nous ne bénéficions pas du chaos : nous gérons les conséquences humaines de décisions politiques mal arrimé
Cyril Dionne – Abonné26 novembre 2025 09 h 56
Une avocate spécialisée en immigration et une autre bien ancrée à gauche qui sermonnent les « méchants », comme si cela suffisait à glorifier toute la profession. On présente ces juristes comme des héroïnes des droits humains, défenseuses infatigables des personnes vulnérables, sans jamais interroger leur rôle réel dans un système souvent opaque et lucratif. Derrière le vernis moral, on retrouve surtout une mise en scène destinée à flatter la corporation plus qu’à éclairer le débat.
Vous devriez toutes vous cotiser pour couvrir les frais engagés par ces personnes, dont plusieurs sont venues sous de faux prétextes. À force de défendre chaque cas comme une cause sacrée, il devient un peu trop facile d’oublier que ce sont les contribuables qui paient la note, pas les belles déclarations indignées.
Guy Beausoleil – Abonné26 novembre 2025 10 h 25
Le contrat moral en question c’est un engagement de la part de l’état dont l’autre partie est l’engagement des nouveaux arrivants à remplir des exigences. On ne peut pas abandonner les gens en milieu de parcours quand ils ont navigué pendant des mois ou des années et fournit un effort constant pour atteindre des objectifs fixés pas le gouvernement. Bien sûr les situations changent et demandent un ajustement des politiques publiques, mais une clause de droit acquis serait sans doute la meilleure façon de procéder tout en respectant les efforts fournis par ces nouveaux arrivants.
Philippe Thiriart – Abonné26 novembre 2025 10 h 51
Selon Mme Laurence Trempe, «Le véritable problème est l’accumulation de changements rapides, parfois rétroactifs, souvent contradictoires, qui ont créé un système instable, anxiogène et humainement destructeur».
Cette incertitude, cette ambivalence et ces changements rapides de politique officielle règnent aussi dans les domaines de l’éducation et de la santé, là où les réformes boiteuses ont été fréquentes. Collectivement, nous avons de la misère à adhérer à un système cohérent de valeurs.
Désirons-nous que le système scolaire forme des diplômés excellents ayant dû se plier à des exigences élevées de performance, et ce au prix d’une sélection sévère.
Ou désirons-nous que la grande majorité des jeunes poursuivent de nombreuses années d’étude pour obtenir des diplômes apparemment supérieurs? Et ce au prix de l’allègement des exigences, de l’inflation des notes, et d’un nivellement par le bas?
Désirons-nous que les médecins consacrent une attention soutenue à chaque patient pour bien lui faire comprendre les tenants et les aboutissants des médicaments et des traitements recommandés.
Ou désirons-nous que les médecins rencontrent le plus grand nombre possible de patients pour réduire les files d’attente?
En immigration, désirons-nous des candidats disposés à effectuer indéfiniment les tâches subalternes que nous dédaignons, tout en montrant de la gratitude à notre égard?
Désirons-nous des candidats d’un bon niveau socioéducatif, qui vont compétitionner avec nous pour l’obtention des bons emplois assez rares? Et qui vont assez souvent vouloir promouvoir des valeurs culturelles différentes des nôtres.
Pour favoriser la prospérité économique, ne sommes-nous pas contraints d’accepter des immigrants qui ne vont pas adhérer à l’identité québécoise actuelle?
Pour préserver l’identité québécoise actuelle, allons-nous vouloir que le Québec se replie sur lui-même, vive plus chichement et se dépeuple en partie?
Jean-François Fisicaro – Abonné26 novembre 2025 16 h 23
En gros, c’est tout à fait normal que des programmes évoluent au fil du temps. Ce qui est par contre inacceptable, c’est de changer les règles du jeu pour ceux envers qui il y a déjà un engagement … une simple question d’équité !
Pierre Desranleau – Abonné26 novembre 2025 16 h 40
“Si le PSTQ est aujourd’hui hypersélectif, imprévisible et presque inaccessible pour les personnes déjà établies au Québec, c’est voulu et nécessaire. Il est impératif de reprendre le contrôle et de limiter l’immigration à ceux qui répondent vraiment aux besoins de la province.” – Cyril Dionne
À vous lire, on se surprend à penser que si ce n’était de la clause de libre circulation partout au pays pour les citoyens canadiens, des critères d’admission tels que vous les concevez vous auraient vous-même empêché de quitter votre Ontario natale pour vous établir au Québec. Mais bon, l’intolérance ne doit s’appliquer qu’aux “autres”, n’est-ce pas M. Dionne? Au fait, quel “vrai besoin de la province” votre arrivée parmi nous a-t-elle permis de combler?
Cyril Dionne – Abonné26 novembre 2025 18 h 12
Cher M. Desranleau,
J’imagine que le fait que mon père soit Québécois et que ma mère soit de descendance québécoise n’a rien à voir avec l’équation. On pourrait également penser que le fait que je sois de la 12ᵉ génération en Amérique française, avec des ancêtres arrivés en l’an de grâce 1659 à l’Île d’Orléans, au Québec, ne compte pas. Ajouter à cela mon français impeccable, parlé, écrit et lu, ainsi que l’anglais, avec de vrais diplômes obtenus dans des collèges et universités francophones et anglophones au Canada, ne semble pas changer la donne non plus. Et si l’on considère que tous mes revenus ne proviennent aucunement de l’État québécois, alors que celui-ci prend un vilain plaisir à m’en soutirer une grande partie, cela non plus ne compte pas. La cerise sur le sundae : j’ai marié une Québécoise « pure laine ».
Disons qu’il serait facile de me comparer à n’importe lequel de ces demandeurs d’asile ou à certains immigrants qui contournent le système d’immigration. En fait, je pourrais me comparer à n’importe quel Québécois, et même plus, y compris vous-même, en tant que donneurs de leçons de la gauche.
Pierre Desranleau – Abonné26 novembre 2025 21 h 18
Cher M. Dionne,
vous avez beau nous parler de vos ancêtres et de votre femme, il n’en demeure pas moins que vous êtes un Ontarien venu vivre sa retraite au Québec. Ce faisant, vous consommez des services déjà sur-sollicités sans contribuer en contrepartie à combler “un vrai besoin” de votre province d’accueil. Selon votre propre échelle de valeur, vous êtes donc un passif pour le Québec contrairement aux immigrants du PEQ qui s’intègrent, travaillent et élèvent leurs familles ici contribuant à lutter contre le vieillissement de la population et les multiples problèmes qui en découlent. En ce sens, ils représentent un actif précieux dont on ne pourrait se passer. Il faut vraiment être obsédé par le nationalisme ethnique pour refuser de reconnaître ce fait.
André Trudel – Abonné26 novembre 2025 06 h 27
En prendre moins et en prendre vraiment soin
La CAQ tente de nous convaincre des bienfaits de l’abolition du Programme de l’expérience québécoise (PEQ), sans une clause de droit acquis pour toutes les personnes détenant un statut valide.
On apprend que cette décision exclut massivement des personnes pourtant déjà établies ici, francisées, employées et pleinement intégrées avec leurs enfants dans nos écoles. Souhaitons que l’électeur soit à même de mesurer la médiocrité de la manœuvre. Il s’agit d’une politique à courte vue ayant pour effet de ternir la réputation du Québec à l’international, tout en minant ses perspectives économiques en se privant de travailleurs et d’étudiants déjà pleinement intégrés.
Nourrir nos passions tristes, quitte à s’atrophier moralement et économiquement, représente une gouvernance médiocre. Vivement un nouveau gouvernement en 2026. Les sondages présagent que le PQ formera ce nouveau gouvernement. Rêvons que son chef et sa garde rapprochée soient plus clairvoyants dans leur gestion de la question migratoire, et qu’ils mettent vraiment en œuvre la maxime caquiste de la campagne électorale de 2018 qui était pourtant bien raisonnable : en prendre moins et en prendre soin. Malheureusement, la CAQ fit l’inverse, elle en a pris plus et les a maltraités à répétition.
Christian Beauchesne – Abonné26 novembre 2025 07 h 02
L’illusion brisée : Comment peut-on manquer de cœur à ce point?
On réduit trop souvent l’immigration à des statistiques, oubliant le drame humain qui se joue derrière les formulaires. Il est ici question de femmes et d’hommes arrivés au Québec en toute légalité, sous des programmes qui leur offraient une voie vers la résidence permanente. Ils ont rempli leur part du contrat social : ils ont parfois appris le français, travaillé fort pour combler nos pénuries et inscrit leurs enfants dans nos écoles. Ils se sont enracinés. Ils sont, dans les faits, devenus des nôtres.
Pourtant, à cause de modifications administratives soudaines ou de l’abolition de programmes qui étaient en vigueur à leur arrivée, le sol se dérobe sous leurs pieds. Après des années à bâtir une vie ici, on leur annonce froidement que les règles du jeu ont changé rétroactivement. Le verdict tombe : ils doivent partir.
C’est une violence inouïe que de demander à une famille intégrée de tout défaire. Comment expliquer à un enfant qui a grandi ici qu’il doit quitter le seul « chez-soi » qu’il connaît ?
Ce qui rend cette situation profondément inhumaine, c’est le bris de confiance. C’est d’avoir fait miroiter la stabilité pour attirer des talents, pour ensuite les traiter comme des ressources jetables. Si l’intention de l’État est d’utiliser des bras temporaires sans jamais vouloir de nouveaux citoyens, l’honnêteté exigerait de le dire dès le départ.
Pourquoi ne pas leur annoncer d’emblée : « Ne vous attachez pas, vous ne pourrez pas rester » ? Ce serait brutal, mais au moins, ce serait honnête. Cela permettrait aux gens de choisir en connaissance de cause, plutôt que de les laisser investir émotionnellement et financièrement dans une société qui prévoit de les rejeter.
Au lieu de cela, nous laissons ces gens tisser des liens serrés pour ensuite les arracher de notre tissu social. Ce n’est pas de la rigueur politique; c’est un manque flagrant d’empathie. Le Québec ne peut se prétendre terre d’accueil s’il expulse ceux qui ont tout fait pour l’aimer et le servir.
Marc Pelletier – Abonné26 novembre 2025 10 h 58
M. Beauchesne, je suis 100 % d’accord avec vous : cette décision odieuse du Gouvernement du Québec illustre bien ce que dit le propos suivant, ” l’art de se tirer dans le pied “.
C’est une décision immorale en plus d’être contre-productive !
Serge Picard – Abonné26 novembre 2025 07 h 57
Les licornes se plaignent du vivre ensemble
C’est le fédéral sous le gouvernement de Justin Trudeau le jovialiste qui est responsable du bar ouvert avec sa politique dévastatrice d’une immigration massive contre toute logique en ce qui concerne notre capacité d’accueil et d’intégration des nouveaux arrivants.
Ce qui a eu pour conséquence que les Québécois et les immigrants n’arrivent plus à se loger, le coût de la vie est problématique, le système de santé implose, les écoles sont bondées et les municipalités peinent à répondre aux besoins croissants de leur nouvelle population. L’immigration débridée du fédéral est une bombe à retardement pour la cohésion sociale.
L’intégration d’un immigrant doit se faire dans le respect des individus, dans notre possibilité de lui offrir les services adéquats à la hauteur de notre possibilité d’accueil, un travail rémunéré à la hauteur de ses nouvelles responsabilités pour lui et sa famille et non du « cheap labour » tel que souhaité par certain acteurs économique, des services en éducation en soins de santé, des services sociaux sans mettre en danger l’équilibre des organismes communautaires et du mieux vivre ensemble et surtout des classes de français pour lui donner la possibilité de mieux communiquer et comprendre la majorité des citoyens qui l’entoure.
Serge Picard – Abonné26 novembre 2025 08 h 04
Ce n’est pas une attaque contre les immigrants
Dans un rapport de Pierre Fortin qui fait 57 pages une analyse détaillée des conséquences de l’immigration massive et l’’expansion accélérée de l’immigration du gouvernement fédéral a aggravé la pénurie de main-d’œuvre, fait diminuer les salaires et le niveau de vie moyen des Québécois, déséquilibré le secteur du logement et diminué de façon significative l’usage du français.
Pierre Fortin est professeur émérite de sciences économiques à l’UQAM. Membre de la Société royale du Canada. Chevalier de l’Ordre national du Québec. Ex-président de la Société canadienne-française de science économique et de la Canadian Economics Association. Ex-conseiller économique principal du premier ministre du Québec. Docteur en sciences économiques de l’Université de Californie à Berkeley.
Laurence Trempe – Abonnée26 novembre 2025 10 h 25
Il existe d’ailleurs de nombreuses voix de premier plan — y compris parmi les démographes, économistes et universitaires — qui ne partagent pas la lecture de Pierre Fortin. Des chercheurs comme Pierre-Carl Michaud (HEC Montréal) ou le démographe Marc Termote rappellent que l’immigration, lorsqu’elle est bien planifiée, constitue un levier essentiel à la vitalité du Québec. D’autres, comme la sociologue Micheline Labelle ou la journaliste et auteure Toula Drimonis, insistent sur la dimension humaine, sociale et citoyenne de l’immigration, que l’on ne peut réduire à une simple ligne comptable de pression sur les services publics. Le centre ERIQA regorge d’analyses intéressantes sur ce sujet passioonnant.
Oui, l’immigration exerce présentement une pression sur certains réseaux publics. Mais vu que, par exemple, les demandeurs d’asile représente moins de 1% de notre population, il est complètement exagéré de leur faire porter le blâme de tous nos problèmes structurels des 30 dernières années. Ce % est encore plus faible avec l’immigration économique.
Les personnes immigrantes forment la population active, paient aussi leurs impôts, occupent massivement les emplois en pénurie et contribuent directement au financement de l’État. Dans un Québec à la population parmi les plus vieillissantes au monde, nous avons un besoin vital de population active pour soutenir un système de santé dont les coûts explosent déjà. Les immigrants ont également, en moyenne, davantage d’enfants. Sans immigration, notre population est mathématiquement vouée à décroître, non seulement parce que le nombre de décès dépasse la natalité, mais aussi en poids démographique, économique et politique.
Une immigration soutenable et durable est non seulement possible, mais nécessaire. Elle passe par une planification sérieuse des seuils, de l’accueil, du logement et de l’intégration — pas par la fermeture brutale des portes.
Opposer durabilité et ouverture est un faux dilemme : ce n’est pas en bloquant l
Marc Pelletier – Abonné26 novembre 2025 11 h 22
Vous avez en partie raison mais en partie seulement.
1- Plusieurs entreprises au Québec ont un besoin bien réel de ces immigrants et seront en difficulté si la clause grand père n’est pas accordée à ceux et celles qui sont implantés au Québec. Les québécois francophone ne sont plus assez nombreux pour répondre à ces besoins : lorsqu’une population est en décroissante comment voulez-vous qu’elle puisse répondre aux besoins actuels de l’industrie et encore moins à tous les projets de développement initiés par le même gouvernement qui les empêche de se concrétiser.
2- qui plus est : ce gouvernement ne respecte pas ses promesses, en rejetant son engagement moral envers des personnes déjà établies et parfois déjà bien intégrés au Québec.
Est-ce l’image d’un Québec qui ne respecte pas sa parole, que nous voulons projeter hors de nos frontières