Par Jean-Luc Kienge

Mali : un pouvoir fragilisé face à l’impasse du dialogue — l’ombre d’un compte à rebours politique

Analyse prospective

Depuis plusieurs mois, la situation politique au Mali s’enlise dans un climat de tensions internes, d’impasses militaires et d’inquiétudes économiques. Dans ce contexte, le refus persistant du général Goïta d’engager un dialogue structuré avec les groupes rebelles fait naître un sentiment de plus en plus partagé : le pouvoir de Bamako entre dans une zone de turbulences qui pourrait accélérer son affaiblissement dans les semaines à venir.

1. Une impasse qui érode l’autorité de l’État

Au lieu d’ouvrir une voie politique, sécuritaire et diplomatique, les autorités maliennes ont fait le choix d’une stratégie essentiellement militaire.
Résultat :

  • les lignes de front se multiplient,
  • les attaques rebelles s’intensifient,
  • et la population paie un prix toujours plus lourd.

Dans plusieurs régions du nord comme du centre, l’État perd du terrain, non seulement physiquement mais aussi symboliquement.

2. Le blocage du dialogue : une erreur stratégique ?

Pour une partie de la classe politique, des observateurs de la région sahélienne et de nombreux partenaires africains, il devient clair que l’absence de dialogue avec les mouvements rebelles contribue à fragiliser davantage le régime.

Dialoguer n’est pas céder. Dialoguer, c’est stabiliser, comprendre, négocier, rééquilibrer.
Sans ce levier, le pouvoir s’expose à :

  • un enlisement militaire coûteux,
  • une montée du mécontentement populaire,
  • et une perte de légitimité externe.

3. Les fissures internes : un compte à rebours silencieux

Au sein même de l’appareil d’État malien, plusieurs signaux faibles apparaissent :

  • tensions entre factions militaires,
  • frustrations dans l’administration,
  • divisions dans les forces de sécurité,
  • et fatigue sociale généralisée.

Autant d’éléments qui, combinés, peuvent se transformer en accélérateur de crise.

4. Le risque d’une chute politique accélérée

Il serait prématuré de prédire une chute imminente du pouvoir — aucun analyste sérieux ne peut fixer une date — mais les ingrédients d’une déstabilisation rapide sont bel et bien présents :

  • isolement diplomatique croissant,
  • pression économique,
  • défiance populaire,
  • escalade militaire incontrôlable.

À Bamako, certains parlent déjà d’un “compte à rebours”.
Une crise politique profonde, voire un basculement, n’est plus une hypothèse théorique.

5. La sortie de crise passe par un choix clair : ouvrir ou s’isoler

Le Mali ne pourra pas ramener la paix par la seule force.
Trois pistes s’imposent :

  1. Rouvrir les canaux de dialogue avec les groupes armés.
  2. Reconstruire une alliance régionale crédible contre les insurrections.
  3. Réconcilier l’État avec sa population, première victime de cette crise prolongée.

Le futur du Mali dépendra de la capacité de ses dirigeants à sortir de l’entêtement et à choisir une voie politique inclusive.