Par Jean-Luc Kienge
Doha, Qatar — Le dernier round de dialogue entre Kinshasa et les rebelles du M23/AFC soulève une question majeure : le président Félix Tshisekedi a-t-il, sans le vouloir, offert une légitimité internationale à ce mouvement armé considéré par Kinshasa comme terroriste ?
Selon plusieurs sources proches du dossier, l’objectif premier du M23/AFC n’était pas tant de négocier une paix durable que de se présenter, sur la scène diplomatique, comme un interlocuteur crédible et incontournable. En participant à Doha, le mouvement a pu se hisser au rang d’« opposition armée » plutôt que d’être perçu comme un simple groupe terroriste, contrairement aux déclarations fermes du chef de l’État congolais.
« Les conseillers de Tshisekedi n’ont pas saisi le piège », confie un analyste. « Pour eux, il s’agissait d’un processus de dialogue classique. Mais pour le M23/AFC, c’était l’occasion d’obtenir la reconnaissance internationale de fait qu’ils recherchaient. »
Un dialogue déjà dans l’impasse
Aujourd’hui, ce processus semble bloqué. D’après nos informations, le M23/AFC n’aurait « plus besoin » du dialogue. L’option désormais envisagée serait une guerre éclair, inspirée du modèle syrien, visant à prendre rapidement des zones stratégiques : le Grand Katanga, le Maniema et Kisangani.
Un diplomate régional prévient : « Si ces régions venaient à tomber, le régime s’effondrerait comme un château de cartes. »
Dans ce scénario, certains estiment que Félix Tshisekedi, surnommé ironiquement « BETON» par la population, pourrait fuir Kinshasa comme Mobutu en 1997.
Une légitimation internationale déjà acquise ?
En conclusion, le M23/AFC semble avoir atteint son objectif : être perçu par plusieurs chancelleries étrangères comme un interlocuteur « fiable et responsable », malgré les accusations graves de Kinshasa. Cette évolution soulève une question dérangeante :
Pourquoi les États-Unis ont-ils sanctionné d’autres groupes rebelles actifs dans l’est de la RDC, mais pas le M23/AFC ?
La réponse, selon plusieurs analystes, se trouve sans doute dans les calculs géopolitiques régionaux et internationaux.
Par Jean-Luc Kienge