Par Jean-Luc Kienge

Le conclave du parti Ensemble pour la République, tenu à Bruxelles les 12 et 13 août 2025, a constitué un moment clé pour l’opposition congolaise. Au-delà des déclarations politiques, plusieurs enseignements peuvent être tirés de cette rencontre qui marque une étape stratégique dans la préparation des échéances à venir.

1. Un refus clair d’intégrer le gouvernement Tshisekedi

Ensemble a confirmé sa ligne de démarcation avec le pouvoir en place. En refusant de rejoindre le nouveau gouvernement, le parti de Moïse Katumbi se place comme l’un des pôles majeurs de l’opposition, assumant une posture frontale face au président Félix Tshisekedi.

2. La dénonciation d’une dérive institutionnelle

L’accusation principale formulée par Ensemble porte sur une tentative de modification de la Constitution. Pour Katumbi et ses partisans, toute velléité de prolonger le mandat présidentiel au-delà des délais prévus constitue une menace directe pour l’ordre démocratique. Ce discours vise à mobiliser autour de la défense de la Constitution, présentée comme une « ligne rouge ».

3. Une volonté d’organisation et de protection citoyenne

Le conclave a débouché sur la mise en place d’un mécanisme de protection et d’alerte destiné à documenter les atteintes aux libertés publiques et à soutenir des recours judiciaires. Ce dispositif traduit une stratégie plus structurée : ne plus se limiter aux discours, mais créer des instruments d’action citoyenne et juridique.

4. Une stratégie de long terme pour 2028

Ensemble ne cache plus son horizon : les élections générales de 2028. Le conclave a défini un plan d’action axé sur le renforcement de la base militante, l’extension dans les territoires, et le soutien actif de la diaspora. En d’autres termes, Katumbi veut transformer son parti en véritable machine électorale d’ici trois ans.

5. L’appel à l’unité de l’opposition

Enfin, le conclave a été l’occasion d’un appel solennel à l’unité. Katumbi invite les forces démocratiques, la société civile et les mouvements citoyens à se rassembler pour contrer ce qu’il appelle une « dérive dictatoriale » du régime actuel. Cet appel reste un défi, car l’opposition congolaise est connue pour ses divisions, mais il souligne la volonté de Katumbi de se poser en figure fédératrice.

Conclusion

Le conclave de Bruxelles aura été à la fois un moment de dénonciation et de projection. Moïse Katumbi et Ensemble pour la République veulent se présenter comme la principale alternative politique en RDC, tout en préparant méthodiquement leur avenir électoral. L’enjeu pour Katumbi sera désormais de transformer ces résolutions en actions concrètes et, surtout, de réussir à fédérer une opposition souvent éclatée.