Par Cindy Damaris
Depuis quelques années, un phénomène prend de l’ampleur : celui des Noirs américains qui choisissent de revenir en Afrique, symboliquement ou officiellement en obtenant la nationalité de pays africains. Derrière cette démarche, un besoin profond de reconnexion avec leurs origines, de réparation historique, mais aussi un acte politique fort.
Relayer sur les réseaux sociaux par Invest in Benin la chanteuse américaine Ciara en est l’un des exemples récents. Ce week-end du 26 au 27 juillet, l’icône du R&B a obtenu la nationalité béninoise, rejoignant ainsi une liste croissante de célébrités afro-américaines qui posent symboliquement ou réellement leurs valises sur le continent africain. Ce geste, au-delà de la symbolique, traduit une volonté de construire des ponts entre les deux rives de l’Atlantique, longtemps séparées par l’histoire douloureuse de la traite négrière.
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Avant Ciara, d’autres artistes ont montré la voie. Le rappeur Ludacris, par exemple, a obtenu la nationalité gabonaise, le pays d’origine de son épouse. Ce retour aux sources est souvent ponctué de visites, d’investissements dans des projets locaux, mais aussi de prises de parole pour inciter les Afro-descendants à repenser leur lien avec l’Afrique.
Le cas du Ghana est sans doute l’un des plus emblématiques. En 2019, le pays a proclamé « l’Année du retour », invitant les descendants d’esclaves africains à revenir sur la terre de leurs ancêtres. Une campagne qui a connu un succès retentissant, attirant des milliers de visiteurs venus d’Amérique du Nord, des Caraïbes et d’Europe. Des cérémonies symboliques de naturalisation y ont même été organisées.
Pour beaucoup de ces Afro-Américains, le choix de s’installer ou de se rapprocher de l’Afrique est aussi une réponse aux tensions raciales persistantes aux États-Unis. Entre violences policières, discriminations systémiques et sentiment d’aliénation, le retour en Afrique est perçu comme une forme de renaissance, de réappropriation de soi.
À travers ces démarches, c’est une nouvelle forme de panafricanisme qui prend corps : moins idéologique, plus personnelle, mais tout aussi puissante. Il ne s’agit plus seulement de solidarité politique entre États africains, mais d’un élan humain entre les peuples d’une même histoire, longtemps fracturée.
Il faut surtout noter que ces acteurs du cercle artistique peuvent être les ponts par lesquels l’investissement et l’industrialisation plus accélérée se feront sur le continent.