Lu pour vous par Jean-Luc Kienge

Lubumbashi– Dans un contexte de tensions croissantes et de craintes liées à l’avancée imminente des combattants du M23 soutenus par le général rebelle Corneille Nangaa, Jean-Luc Kienge, coordonnateur des chefs coutumiers du Grand Katanga, a pris une initiative audacieuse. Ce mercredi, il a réuni plusieurs chefs traditionnels de la région pour signer un mémorandum exigeant le départ immédiat de tous les gouverneurs de l’ex-Grand Katanga et de la RDC , ainsi que des autorités civiles et militaires, afin d’éviter de nouveaux massacres et carnages.

Un appel à la désescalade

Le mémorandum, lu devant une assemblée solennelle de chefs coutumiers et de représentants communautaires sur zoom, appelle à une désescalade immédiate de la crise sécuritaire qui menace la région. Jean-Luc Kienge a déclaré que la présence des autorités actuelles, tant civiles que militaires, ne fait qu’attiser les tensions et expose les populations locales à des risques accrus de violences. « Nous ne pouvons plus rester les bras croisés pendant que notre peuple souffre. Les autorités doivent partir pour permettre une résolution pacifique de cette crise », a-t-il affirmé.

Une demande de démission adressée à Tshisekedi

Le document va plus loin en appelant le président de la République, Félix Tshisekedi, à démissionner de ses fonctions. Selon les signataires, le chef de l’État a échoué dans sa mission de protéger les citoyens et de maintenir la paix dans la région. « Le président Tshisekedi a montré son incapacité à gérer cette crise. Son départ est nécessaire pour permettre une transition pacifique et éviter un bain de sang », a insisté Jean-Luc Kienge.

La menace du M23 et de Corneille Nangaa

La réunion des chefs coutumiers intervient dans un climat de peur grandissante face à l’avancée des combattants du M23, un groupe rebelle soutenu par le général Corneille Nangaa, une figure controversée de la scène politique et militaire congolaise. Les chefs traditionnels craignent que l’arrivée imminente de ces forces ne provoque des violences massives contre les populations civiles, comme cela a été le cas dans d’autres régions du pays.

« Nous ne voulons pas que le Grand Katanga et la RDC deviennent un champ de bataille. Nous appelons à la retenue et à la paix, mais cela ne pourra se faire que si les autorités actuelles quittent leurs postes », a déclaré un chef coutumier présent à la réunion.

Réactions mitigées

Si l’initiative de Jean-Luc Kienge a été saluée par certains comme un acte de courage et de leadership, elle a également suscité des critiques. Certains observateurs estiment que cette démarche pourrait fragiliser davantage l’autorité de l’État et créer un vide sécuritaire dangereux. D’autres, en revanche, y voient une tentative légitime de protéger les populations locales face à l’incapacité des autorités à faire face à la crise.

Et maintenant ?

Alors que le mémorandum a été envoyé aux gouverneurs concernés ainsi qu’à la présidence de la République, il reste à voir comment les autorités réagiront à cette demande sans précédent. Dans un pays déjà fragilisé par des décennies de conflits et de crises politiques, cette initiative des chefs coutumiers du Grand Katanga pourrait marquer un tournant décisif dans la gestion de la crise actuelle.

En attendant, les populations du Grand Katanga et la RDC retiennent leur souffle, espérant que cet appel à la raison permettra d’éviter un nouveau cycle de violences et de souffrances.