Par Jean-Luc Kienge
Analyse : Après la prise de Bukavu – Félix Tshisekedi face à un péril imminent à Kinshasa**
15 février 2025
La prise de Bukavu par les forces de l’AFC/M23 marque un tournant dramatique dans la crise qui secoue la République Démocratique du Congo (RDC). Alors que les rebelles consolident leur emprise sur l’est du pays, la situation politique à Kinshasa, la capitale, devient de plus en plus explosive. Une question cruciale se pose désormais : si le président Félix Tshisekedi ose rentrer en RDC, risque-t-il d’y laisser sa peau dans un coup d’État militaire orchestré par sa propre garde présidentielle ?
Un contexte politique déjà fragilisé
Depuis des mois, le régime de Tshisekedi est sous pression. L’incapacité à endiguer l’avancée des groupes armés dans l’est du pays, couplée à une économie en berne et à des accusations de corruption, a considérablement affaibli sa légitimité. Les manifestations populaires se multiplient, et les appels à sa démission se font de plus en plus pressants.
La prise de Bukavu, une ville stratégique et symbolique, a porté un coup dur au moral des forces loyalistes et a exacerbé les tensions au sein de l’appareil étatique. Les militaires, frustrés par le manque de ressources et de soutien logistique, pourraient être tentés de se retourner contre leur propre président.
La garde présidentielle : une menace interne ?
La garde présidentielle, théoriquement dévouée à la protection du chef de l’État, est souvent perçue comme une force à double tranchant dans les régimes africains fragiles. Composée d’éléments triés sur le volet et bénéficiant d’un entraînement et d’un équipement supérieurs, elle dispose du pouvoir de faire ou de défaire un régime.
Dans le cas de Tshisekedi, des rumeurs persistantes font état de divisions au sein de cette unité d’élite. Certains éléments, influencés par des factions politiques rivales ou simplement lassés par l’impuissance du gouvernement, pourraient être tentés de renverser le président pour installer un régime plus ferme, voire une junte militaire.
Un scénario de coup d’État plausible
Si Tshisekedi décide de rentrer à Kinshasa, il se placerait dans une position extrêmement vulnérable. Un coup d’État pourrait se dérouler en plusieurs étapes :
- Isolement du président : La garde présidentielle pourrait l’empêcher de communiquer avec ses alliés et le reste de l’armée.
- Prise des institutions clés : Les putschistes s’empareraient des médias, du palais présidentiel et des points stratégiques de la capitale.
- Announcement d’un « comité de salut national » : Un nouveau pouvoir, militaire ou civilo-militaire, serait proclamé, justifiant son action par l’incapacité de Tshisekedi à gérer la crise.
Les conséquences régionales
Un tel scénario plongerait la RDC dans un chaos encore plus profond. Les pays voisins, déjà inquiets de l’instabilité dans la région des Grands Lacs, pourraient être tentés d’intervenir, directement ou par le biais de groupes proxy. Par ailleurs, les populations civiles, déjà éprouvées par des décennies de conflits, paieraient le prix fort de cette nouvelle déstabilisation.
Conclusion : Tshisekedi entre le marteau et l’enclume
Félix Tshisekedi se trouve désormais pris en tenaille. S’il reste à l’étranger, il risque d’être perçu comme un président fuyant ses responsabilités. S’il rentre, il pourrait faire face à un coup d’État militaire. Dans les deux cas, son avenir politique semble plus incertain que jamais.
La communauté internationale, souvent silencieuse face aux crises africaines, devra peut-être se résoudre à intervenir pour éviter un bain de sang. Mais une chose est sûre : l’heure des choix a sonné pour la RDC, et ces choix détermineront l’avenir de tout un pays.
Par Jean-Luc Kienge
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