Par Jean-Luc Kienge

Une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux relance le débat sur l’avenir politique de la République Démocratique du Congo (RDC). Dans cette séquence, un pasteur compare le président Félix Tshisekedi à Jonas, le prophète biblique jeté à la mer pour sauver le peuple d’Israël. Selon lui, la seule solution pour sauver la RDC de ses multiples crises serait de « chasser Félix Tshisekedi et son système de corruption » du pouvoir. Cette déclaration, aussi percutante que polémique, soulève des questions sur l’efficacité des dialogues politiques et religieux en cours, ainsi que sur la légitimité du régime en place.

Jonas de la Bible, symbole d’un sacrifice nécessaire ?
Dans la Bible, Jonas est jeté à la mer pour apaiser la colère divine et sauver l’équipage du navire. Le pasteur, dans sa comparaison, estime que Félix Tshisekedi incarne aujourd’hui un obstacle au salut de la RDC. « Pour sauver Israël, Jonas a accepté d’être jeté à la mer. Pour sauver la RDC, il faut chasser Tshisekedi et son système corrompu », affirme-t-il. Cette analogie biblique, bien que provocante, reflète le sentiment d’exaspération d’une partie de la population congolaise face à la persistance des crises politiques, économiques et sécuritaires sous le régime actuel.

Le dialogue de la CENCO et de l’ECC : une perte de temps ?
Le pasteur ne mâche pas ses mots en qualifiant les dialogues organisés par la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC) de « perte de temps ». Selon lui, ces initiatives, censées apaiser les tensions et trouver des solutions consensuelles, ne servent qu’à gagner du temps pour un régime qui ne respecte ni sa parole ni ses engagements. « Tshisekedi ne pense qu’à sa survie politique. Il ne respecte pas sa parole, ni même sa signature. Comment espérer des résultats concrets de ces dialogues ? », interroge-t-il.

Cette critique rejoint les préoccupations de nombreux Congolais, qui dénoncent l’inefficacité des processus de dialogue face à des problèmes structurels tels que la corruption, l’insécurité à l’est du pays et la mauvaise gestion des ressources naturelles. Pour le pasteur, ces dialogues ne sont qu’une façade pour légitimer un pouvoir qui a perdu la confiance de son peuple.

Un appel radical au changement
Le message du pasteur est sans équivoque : il faut un changement radical pour sauver la RDC. « Perdre du temps avec des dialogues inutiles, c’est trahir le peuple congolais. Il faut agir maintenant et chasser Tshisekedi et son système », insiste-t-il. Cette déclaration, bien que controversée, trouve un écho auprès d’une frange de la population qui réclame une véritable alternance politique et une rupture avec les pratiques du passé.

Cependant, cette position soulève également des questions sur les moyens d’action et les alternatives possibles. Si le pasteur appelle à un renversement du pouvoir, il n’évoque pas de solutions concrètes pour assurer une transition pacifique et démocratique. Son discours, bien que mobilisateur, reste ancré dans une rhétorique de rupture sans proposer de voie claire pour l’avenir.

Une vidéo qui divise
La vidéo du pasteur, largement partagée sur les réseaux sociaux, a suscité des réactions contrastées. Si certains y voient une expression légitime de colère face à un régime jugé inefficace et corrompu, d’autres dénoncent un discours dangereux, susceptible d’enflammer les tensions politiques. Dans un pays déjà fragilisé par des décennies de conflits et d’instabilité, les appels au renversement du pouvoir ne sont pas sans risque.

Conclusion : entre colère et espoir
La comparaison entre Félix Tshisekedi et Jonas de la Bible, aussi provocante soit-elle, illustre le profond désarroi d’une partie de la population congolaise. Elle met en lumière les frustrations accumulées face à un pouvoir jugé inefficace et corrompu, ainsi que le scepticisme grandissant envers les processus de dialogue politique et religieux. Cependant, au-delà des slogans et des appels à la rupture, la question centrale reste celle des solutions concrètes pour sortir la RDC de l’impasse.

La vidéo du pasteur, bien que virale, ne fait que refléter une réalité plus large : celle d’un peuple en quête de changement, mais encore incertain sur la voie à suivre. Dans ce contexte, la responsabilité des leaders politiques, religieux et sociaux est plus que jamais engagée pour offrir des perspectives d’avenir à un pays riche en potentialités, mais miné par ses divisions.