Par Jean-Luc Kienge

Analyse : Félix Tshisekedi face à un dilemme existentiel

Félix Tshisekedi doit décider : sauver sa peau ou être victime de son arrogance. Ce n’est pas Corneille Nangaa, Moise Katumbi ou Kabila qui vont te tuer, mais ce sera ses généraux Franck Tumba, Tshiwewe ou sa femme au palais présidentiel. “Bwanga Bwa Vinta Lubilo”, qui signifie “Le secret de la guerre, c’est la fuite” chez les Kasaïens.

La situation politique et sécuritaire en République Démocratique du Congo se détériore rapidement, plaçant le président Félix Tshisekedi dans une position délicate. Face à une armée démoralisée, une population exaspérée et une instabilité croissante dans l’Est du pays, le chef de l’État semble pris au piège d’un engrenage dangereux. Le dicton kasaïen “Bwanga Bwa Vinta Lubilo”, qui signifie “Le secret de la guerre, c’est la fuite”, résonne aujourd’hui comme un avertissement.

Un isolement grandissant au sein du pouvoir

Contrairement à ce que certains pourraient penser, les menaces qui pèsent sur Tshisekedi ne viennent ni de Corneille Nangaa ni de Joseph Kabila, mais de son propre entourage. Les tensions internes au sein du régime sont palpables, et plusieurs figures influentes, dont sa femme, le conseiller spécial Fortunat Biselele, le général Franck Tumba et le chef d’état-major Christian Tshiwewe, pourraient jouer un rôle clé dans un éventuel changement de pouvoir.

Les divisions au sein des Forces armées de la RDC (FARDC) et le ressentiment croissant de certains généraux face aux choix stratégiques du président ajoutent à cette menace interne. Une armée affaiblie et incapable de contenir la progression des groupes rebelles, notamment du M23 soutenu par le Rwanda, expose le régime à une perte de contrôle militaire et politique.

La chute de Bukavu, un tournant décisif ?

Si Bukavu venait à tomber, l’impact serait catastrophique pour Tshisekedi. Cette défaite symboliserait l’échec total de sa gestion du conflit à l’Est et pourrait précipiter un coup d’État militaire orchestré par des proches du pouvoir, lassés de la fragilité du régime. L’histoire congolaise nous rappelle que les crises sécuritaires ont souvent servi de déclencheur à des changements brutaux de régime.

Une famille présidentielle en fuite ?

Pendant ce temps, plusieurs sources rapportent que la famille proche de Tshisekedi aurait quitté Kinshasa et le Katanga pour Bruxelles, où elle possède la nationalité belge. Ce détail alimente les spéculations sur une préparation discrète à une éventuelle chute du régime. Une telle fuite, si avérée, confirmerait l’absence de confiance du clan présidentiel dans la stabilité de la situation au Congo.

Un président piégé par son arrogance et son isolation

Félix Tshisekedi paie aujourd’hui le prix d’un leadership marqué par l’arrogance, le favoritisme tribal et une gestion économique opaque. Le pillage des ressources du pays et l’exclusion politique de nombreuses figures influentes ont renforcé le sentiment d’abandon au sein de la population et des élites militaires.

Au lieu de chercher à rassembler, Tshisekedi s’est enfermé dans un cercle restreint, coupé des réalités du terrain. L’histoire récente de l’Afrique regorge d’exemples où des présidents isolés, confrontés à une crise militaire et à un mécontentement populaire, ont été renversés par leurs propres proches.

Conclusion : Une fuite ou une chute brutale ?

Félix Tshisekedi doit faire face à une décision cruciale : sauver sa peau en négociant une sortie honorable ou s’accrocher au pouvoir au risque de finir victime de son propre régime. Le danger ne vient plus seulement des forces rebelles ou de l’opposition, mais de son entourage direct, des généraux et de son propre palais. L’avenir du Congo se joue peut-être dans les prochains mois, voire les prochaines semaines.

🔍 Restez attentifs aux évolutions de cette crise politique qui pourrait redessiner l’histoire du pays.